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Photo du rédacteurClaire Bloch

Faut-il ou non punir son enfant ?


Dune, mon fils, en flagrant délit de bêtise chocolatée

En matière de punitions, il y a généralement deux camps, celui qui brandira la punition comme la clé de voûte de la discipline et l'autre qui tirera à boulets de canons sur cette méthode d'un autre temps. Que convient-il de faire ?

Doit-on faire le choix entre être taxé de laxiste ou plutôt de sévère ?


En matière de punition, je pense que le maître mot est surtout l'équilibre.

La punition est corrélée à la notion de discipline, celle-ci est fondamentale dans la construction harmonieuse de l'enfant.

Pour que la punition soit adaptée, il convient d'en comprendre son rôle et comment la pratiquer au mieux.


Qu'est-ce que la discipline ?


Si l'on se fie au dictionnaire, on pourrait la définir ainsi "règle de conduite commune aux membres d'un corps, d'une collectivité ; obéissance à cette règle".

La discipline est donc liée à la notion de communauté, dans notre cas, celle du foyer familial.

La discipline n'est pas innée, elle relève d'un acquis social que le parent se doit d'enseigner à son enfant afin qu'il comprenne les comportements acceptables ou non dans la vie sociale.

Elle signifie donc l'apprentissage des règles.


Le rôle de la punition dans l'exercice de la discipline et l'interêt des règles


La punition doit être considérée comme un outil qui n'est pas exclusif. Elle est basée sur le principe du déplaisir comme moyen d'obtenir un comportement conforme à ce qui est demandé.

Elle ne doit jamais porter atteinte à l'intégrité de l'enfant : pas de critiques portées sur l'être, pas de châtiments corporels. Le seul seuil à ne pas franchir est donc celui de la violence, qu'elle soit verbale ou physique.

La punition est une façon de sanctionner le non-respect des règles de la communauté.

Il ne s'agit donc pas de diaboliser la punition en tant que cadre d'apprentissage.

Le jeune enfant a besoin de règles et d'interdits pour évoluer sereinement.Cela contribue à son sentiment de sécurité.

Les règles servent à protéger et à établir des valeurs propres au cadre dans lequel évolue l'enfant. Elles développent la maîtrise de soi, le sens des responsabilités, les compétences sociales et émotionnelles.

En revanche, il me semble que la punition ne devrait être que la solution finale qu'on utilise quand aucune autre stratégie n'a fait ses preuves.


L'enfant au coeur de ses apprentissages pour une discipline plus saine


Inspirée de la pédagogie Freinet, il me semble que la punition ne devrait être utilisée que si l'enfant est bien dans une posture d'acteur au sein de ses apprentissages.


Pourquoi placer l'enfant en tant que sujet ? Ses besoins, envies, goûts personnels doivent être considérés. Si l'enfant est dans un rapport de soumission plutôt que de coopération, il me semble que l'opposition dont celui-ci pourra faire preuve n'en sera que plus marquée.


"Nous avons tous été formés à cette épreuve de force, nous la supposons naturelle et inévitable (...) l'épreuve de force en éducation est-elle une solution valable, ou même seulement acceptable ? Ou bien est-elle regrettable, donc à remplacer le plus tôt possible ?", Célestin FREINET

Célestin Freinet recommande de motiver les enfants afin qu'ils éprouvent du plaisir à la participation à la vie collective et portent de l'interêt aux actions qu'on attend d'eux. Il considère que "l'enfant lui-même doit s'éduquer, s'élever avec le concours des adultes". "L'enfant qui participe à une activité qui le passionne se discipline automatiquement."


Exemple : Vous souhaitez que l'enfant débarrasse la table. Impliquez le dans ce que vous lui demandez en lui expliquant que si vous souhaitez qu'il débarrasse c'est pour qu'on puisse ensuite manger tous ensemble, valorisez son rôle et le service qu'il rend aux autres, donnez lui un rôle comme "tu es le rangeur en chef, tu diriges les opérations". Conférer une forme d'autorité à son enfant peut l'impliquer davantage. Cherchez une tournure de jeu dans ce que vous demandez.


Des alternatives avant d'en arriver à la punition


  • Faire une pause quand la colère gronde :

Vous demandez à votre enfant d'aller se brosser les dents pour se préparer à aller se coucher. Il continue de jouer et ignore vos recommandations. Le ton monte et votre enfant s'oppose en criant.

Qu'est-ce qu'on fait ? Part-on dans l'escalade en tentant de le faire flancher coûte que coûte ? Use-t-on de la voix pour crier plus fort que lui en espérant ainsi poser son autorité ?

Je recommande plutôt d'enrayer la machine qui peut partir à grande vitesse d'un moment à l'autre, et ce au plus vite. On va casser le schéma dans lequel on est entré : j'ai donné une consigne, mon enfant s'est opposé, j'ai répété, il s'oppose toujours.

Prenez votre enfant et isolez-vous avec lui dans sa chambre. La méthode s'inspire du "time out" préconisé par la psychologue Caroline Goldman, à la différence prés que cette fois-ci, on prend le temps de s'isoler avec l'enfant et non de l'isoler seul. L'enfant en colère, ou sous le coup de la frustration, n'est souvent plus à même de raisonner par lui-même et un simple isolement pourrait s'avérer stérile.

Votre enfant va certainement hurler, mais répétez-lui que vous attendez qu'il se calme, que vous restez avec lui pour l'aider à retrouver son calme pour pouvoir ensuite se parler sans se fâcher. A cet instant, vous provoquez une pause ce qui permettra à votre enfant de réguler et contrôler ses émotions.

L'enfant est capable de comprendre par lui-même que son comportement n'est ni celui que vous attendez ni adapté à la situation. Plutôt que vous donner le rôle du méchant dragon qui est là pour punir, vous enfilez l'habit du super-héros là pour aider et assister votre enfant à dompter la vilaine frustration.

Prendre une pause permet d'anticiper le point de non-retour et d'éviter la crise. Avec le temps, l'enfant gagnera en compréhension et sera en capacité de mettre des mots sur ses émotions.


  • Quand l'enfant crie, je chuchote

Par cette méthode il s'agit de travailler sur l'effet miroir. Le chuchotement est un outil efficace pour réguler l'état d'excitation ou d'énervement de l'enfant. Ce procédé n'est néanmoins à utiliser que dans certaines situations comme par exemple, celles où vous êtes en société et qu'il y a beaucoup de monde autour de vous.

Par exemple, vous êtes invités, votre enfant court dans tous les sens, il commence à fatiguer et alors que vous le lui avez interdit il se met à réclamer votre téléphone. Mettez-vous à l'oreille de votre enfant ou appelez le pour lui faire part de ce que vous avez un secret à lui dire. Chuchotez lui à l'oreille "Est ce que tu veux que nous allions chercher Doudou pour aller jouer/dormir avec lui ? Il m'a dit que tu lui manquais beaucoup. Je t'accompagne, je reste un petit peu avec toi et ensuite je retourne avec les grands, d'accord ?"

Le chuchotement va permettre de détendre l'atmosphère en faisant en sorte que l'enfant soit obligé de se concentrer sur votre voix. Le chuchotement va provoquer un effet de surprise, car votre enfant ne s'y attend pas.

Une fois que vous avez capté toute l'attention de votre enfant, vous détournez la colère de votre enfant pour lui proposer une alternative.

Enfin, la dernière chose à retenir de cette méthode c'est que le chuchotement permet de montrer à votre enfant que sa personne et ses besoins sont considérés. Il n'est plus nécessaire alors de punir ou haussez le ton, proposez à votre enfant de passer un moment avec lui avant de retourner à vos occupations.


  • Séparer en cas de conflits

Quand vos enfants jouent à plusieurs et que vous pressentez qu'un conflit va éclater, intervenez et séparer les sans plus attendre ? Cette méthode est efficace quand il y a plusieurs enfants et qu'il y a de l'électricité dans l'air.

Proposez une activité distincte à chacun et dans deux endroits différents. Laissez l'agitation redescendre et une fois le calme retrouvé réunissez les enfants, demandez leur s'ils sont prêts à rejouer calmement ensemble.

Si des disputes éclatent à nouveau, ne les punissez pas mais séparez les à nouveau. Plus longtemps si nécessaire.

Cette méthode s'appelle"la compartimentation". En psychologie, la compartimentation est un mécanisme de défense utilisé par notre cerveau pour écarter les évènements traumatiques. C'est donc afin d'éviter que des émotions négatives surviennent et place le cerveau de nos enfants en mauvaise posture que nous allons nous inspirer de ce mécanisme cérébral en écartant nos enfants.

La compartimentation est d'ailleurs préconisée dans bien d'autres domaines du développement personnel : compartimenter les espaces d'un lieu (espace de travail, espace de repos), compartimenter les relations (relations professionnelles, relations familiales)...


  • Accompagner son enfant dans la réalisation des tâches :

Tous les jours, vous bataillez avec votre enfant pour qu'il exécute les tâches que vous lui demandez, lever, coucher, habillage etc. Vous connaissez votre enfant et vous savez que vous allez essuyer un refus catégorique.

Pourquoi ne pas tenter d'anticiper ce comportement et de l'accompagner dans la réalisation des tâches que vous attendez de lui ?

Il faut garder à l'idée que les jeunes enfants, avant l'âge de 5 ans, ont du mal avec les transitions. Ils n'aiment pas interrompre ce qu'ils sont entrain de faire. Il ne s'agit donc pas là de caprices mais d'une difficulté pour leur cerveau à passer d'une activité à une autre paisiblement.

Une fois que l'on a compris que ce comportement du jeune enfant est normal, on comprend qu'il vaut mieux l'accompagner dans les transition plutôt que de le punir.

En effet, la punition dans ce genre de cas viendrait attiser un sentiment d'injustice et le jeune enfant n'est pas à même de comprendre ce qu'il fait mal.

Les transitions sont sources d'angoisse pour le jeune enfant et entraînent ainsi des comportements inadaptés.

Chez les enfants atteints de troubles tels qu'un trouble tdah, trouble anxieux ou encore un trouble autistique, on retrouve cette même difficulté à gérer les transitions. Si elle est épuisante à prendre en considération, il est cependant essentiel de comprendre que non, votre enfant ne fait pas exprès. Lui proposer votre accompagnement et des outils pour l'aider est donc primordial pour une relation harmonieuse. D'où l'importance de la mise en place de routines.


  • Laisser le temps de la réflexion à l'enfant :

Compter jusque trois est certainement une des méthodes que chaque parent a à l'esprit.Si cette pratique est bien courante, elle n'est en revanche pas si recommandée.

Quelle alternative existe donc ?

Demander quelque chose à son enfant, essuyer son refus, puis lui énoncer les règles. Lui demander ensuite de réfléchir tranquillement à ce qu'on vient de demander et de nous dire si il est d'accord ou non, mais s'il n'est pas d'accord, l'avertir qu'il y aura des conséquences.

S'il est adapté de laisser un temps de réflexion, le compte à rebours n'est cependant pas indispensable, il viendrait ajouter une pression et parasiter l'efficacité de la réflexion.

demandé. De plus, cela permettra à l'enfant d'apprendre à assumer les conséquences de ses choix.


Et si on en vient à la punition ?


Il est essentiel d'avoir donné des consignes claires. L'enfant doit saisir ce que son parent attend de lui et quelles sont les conséquences de sa désobéissance ?

Si l'enfant ne comprend pas et n'y voit aucun interêt, il n'obéira pas.

La punition doit être utilisée pour inculquer à l'enfant la notion de conséquence. Un mauvais comportement entraîne des conséquences.Elle doit être adaptée à l'âge de l'enfant et toujours accompagnée d'explications, fournies une fois la crise passée.

La punition sans communication est dénuée d'interêt, elle ne fera pas ses preuves par elle-même.

On ne discute pas la règle : on discute des conséquences, des causes et des effets.

Il est également essentiel de préciser que sanctionner un enfant avant l'âge de trois ans demande une retenue plus importante de la part du parent compte tenu de l'immaturité de celui-ci.

Chez le très jeune enfant, on ne peut pas encore parler à proprement dit de bêtises mais plutôt d'expériences que l'enfant réalise pour en découvrir les effets et conséquences.

Pour faire régner la discipline, et ce à tout âge, je recommande de faire preuve de fermeté, on ne transige pas avec la règle. Non c'est non. Pour que l'enfant obéisse, la consigne doit être claire, expliquée, il doit être conscient des conséquences en cas de mauvais comportements. Attention fermeté ne veut pas dire autoritarisme ou violence. Le flou artistique n'est donc pas permis.


Etre parent c'est un apprentissage quotidien et faire régner la discipline est parfois ingrat. Mais un enfant sera conscient, s'il est accompagné, que nos actes sont motivés par l'amour qu'on lui porte. Un enfant, même réprimandé, est capable de reconnaître ses torts s'il considère que cela est juste. A nous de lui enseigner cette valeur et de faire preuve de vigilance quant aux blessures d'injustices à l'effet dévastateur en termes d'estime de soi. C'est à ce prix que notre enfant sera à même de s'intégrer dans tout environnement social qu'il rencontrera au fil de sa vie et que l'harmonie règnera au sein de notre foyer.


"La discipline ne s'oppose nullement à l'amour". Luc FERRY





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